DANS L'OMBRE DE SAN FRANCISCO. Norman Foster
WOMAN ON THE RUN. DANS L'OMBRE DE SAN FRANCISCO. Norman Foster. 1950
Scénario : Alan Campbell et Norman Foster
Dir. de la photographie : Hal Mohr
Durée : 1h13 (pour ma copie) mais certaines sources indiquent 1h17
Avec Ann Sheridan, Dennis O'Keefe et Robert Keith
San Francisco la nuit. Un homme promène son chien. Une voiture, avec à son bord 2 hommes, se gare à proximité de lui. Un homme agé tente d'en faire chanter un autre dont on ne voit pas le visage. Il exige une forte somme d'argent pour prix de son silence car le passager mystérieux a exécuté un témoin gênant qui devait témoigner prochainement dans un procès criminel. Le vieil homme est à son tour abattu. Il est projeté hors de la voiture par le tueur qui, penché au dehors, l'abat d'une seconde balle. Le chien du promeneur se met à aboyer alors le tueur commence à tirer sur ce témoin qui pourrait avoir vu son visage. Il croit l'abattre et repart. La police arrive alors sur les lieux et interroge le témoin qui reste énigmatique mais décline tout de même son identité. On part chercher sa femme afin de les conduire tout deux au commissariat mais avant l'arrivée de celle ci, l'homme ayant pris peur et pressentant l'impuissance de la police a pouvoir le protéger, il prend la fuite. Sa femme arrive mais au lieu de la laisser désemparée, la fuite de son mari la laisse totalement indifférente. La police l'interroge sur les refuges possibles du témoin du crime mais l'épouse semble ne rien savoir de son mari, ni les lieux qu'il fréquente, ni ses amis et son sort semble la laisser indifférente. Ils vivent sous le même toit mais en étrangers et elle semble même éprouver pour lui le plus profond mépris. Rapidement, on apprend que le mari est gravement malade du coeur et que son état nécessite un traitement médical régulier. Presque malgré elle la femme part alors à la recherche de son mari avec le médicament qui peut le sauver.Elle aussi refuse par peur de collaborer avec la police, mais celle ci la suit en permanence, tout comme un journaliste qui veut obtenir le scoop du témoin du meurtre pour son journal. Il finit par se faire accepter et tout deux collaborent dans leurs recherches. Le tueur rode aussi sans doute...
La dessus, on se dit c'est du classique. On peut penser à DOA, Edmond (O'Brien) qui cherche son antidote. Une enquête policière, des filatures, etc...Et bien pas du tout car tout est dédramatisé et un humour discret baigne même le film. Seule la mise en scène joue sur une certaine angoisse. San Francisco est admirablement filmée. On a même droit, influence de Welles oblige, a ces fameux cadrages obliques sur les buildings, etc...
Mais pour le reste, si Norman Foster, s'intéresse tout de même à son suspense, il s'attache surtout à dépeindre ce personnage de femme qui au cours de ses recherches apprend à connaitre son mari...et progressivement à en retomber amoureuse...et même plus que çà, car elle ne l'avait jamais aimé jusque là. C'est là l'intérêt principal de ce film étrange et attachant. C'est (très) bien joué par Ann Sheridan... et secondairement par ses complices. Le rôle du mari est également intéressant. C'est un artiste un peu raté ou plutôt qui manque d'ambition. Et d'ailleurs, le dessin, la peinture et la sculpture sont presque des personnages du film...
Un seul personnage est assez faible, c'est celui du tueur incarné par Brian Keith.
Un mot également sur le long final dans une fête foraine qui est très réussi. On se retrouve sur une montagne russe. On pense à Fuller (Maison de Bambou), à Hitchcock (L'inconnu du Nord-Express), à Minnelli (Some came running), c'est tout aussi brillant ici, sauf pour les transparences trop voyantes.
Un film atypique à voir pour ses bizarreries. Vu en VF. Est passé à la TV en France mais pas hier. Depuis, le DVD est sorti en France chez Wild Side (Pas encore revu). Voilà encore un film sur lequel Alain Silver dans son "encyclopédie du Film noir" raconte n'importe quoi. Le résumé qu'il en fait prouve qu'il ne l'a pas vu ou bien il s'agit d'une projection si ancienne qu'il aurait pu s'abstenir d'en parler.