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Films Noirs
25 mai 2013

LE TRÉSOR DES CARAÏBES. Edward Ludwig

b70-1176

LE TRÉSOR DES CARAÏBES (Caribbean). Edward Ludwig. 1952

Dick Lindsay (John Payne) occupé à chasser sur une ile des Caraïbes surprend le capitaine Barclay (Cedric hardwicke) et quelques uns de ses hommes en train de creuser le sable pour y enterrer un coffre. Il est vite repéré, attrapé et emmené à bord du navire du pirate qui lui propose un marché pour avoir la vie sauve. Lindsay devra changer d'identité et se faire passer pour Robert, le neveu d'Andrew MacAllister (Francis L. Sullivan) l'ennemi intime de Barclay. C'est l'homme qui lui a tout pris 20 ans auparavant : son bateau, sa liberté (Il l'avait vendu comme esclave) et sa fille Christine (Arlene Dahl) alors qu'elle n'était qu'une enfant. Il l'a même élevé depuis comme si elle était sa propre fille et Barclay de son coté ne l'a jamais revu. Il ne pense qu'à sa vengeance, prépare Lindsay à endosser l'identité de Robert MacAllister en commençant par lui faire sur la joue la même balafre que lui avait fait l'oncle de celui ci des années auparavant. Une fois reconnu par la famille, il devra espionner, évaluer les faiblesses dans les défenses de la ville et provoquer un soulèvement des habitants de la Jamaïque, le fief des MacAllister.

Peu de temps après, l'équipage du pirate vient à bout d'un navire de son ennemi. Les marins sont massacrés et Lindsay/MacAllister est mis sur un canot de sauvetage. Quelques jours plus tard, il accoste et grâce à sa cicatrice et aux faux papiers qu'il porte sur lui, il est identifié comme le neveu de la famille. Il fait la connaissance de son "oncle", un marchand d'esclaves et un monstre de froideur ; de Christine, la "fille" de celui ci, tout aussi cruelle que son père adoptif et de Shively (Willard Parker), l'homme de confiance et le contremaitre de MacAllister, lui même un ancien espion de Barclay "retourné" par son nouveau maitre et qui surveille du coin de l'oeil le soi disant neveu. Le soulèvement est prévu pour la grande vente des esclaves quelques semaines plus tard…

C'est surement le moins bon des films d'aventure de Ludwig en raison d'un scénario bancal qui multiplie les ellipses de manière assez maladroite (on a l'impression qu'il y a des trous dans le scénario) et je pense que l'interprétation en partie défaillante des deux principaux comédiens vient partiellement de là. J'aime beaucoup Arlene Dahl et John Payne la plupart du temps mais ici le couple ne fonctionne pas, ni même leurs personnages respectifs et l'interprétation qu'ils en donnent. Elle, c'est une garce cruelle, superficielle et vénale qui presque sans transition se transformera par amour pour John. Enfin, la métamorphose ne sera pas totale puisque si elle jette son dévolu sur le "cousin" c'est surtout parce qu'elle n'en peut plus de la vie de plouc qu'elle mène sur son ile et rêve de villes animées, de bals et de parfums français. Elle joue çà vraiment sans beaucoup de convictions mais je crois surtout qu'elle bâcle en raison de la faiblesse du scénario et des dialogues. Même chose pour John. Plus grave chez lui, je pense qu'il était un peu limité dramatiquement pour endosser une double identité, pour jouer un double jeu. Il reste sur un seul registre, celui qu'on lui connait dans les films d'aventure mais sans même son énergie habituelle. En revanche, les deux méchants sont très savoureux, surtout le formidable Francis L. Sullivan dont la morgue, le jeu pince sans rire et l'accent british font merveille. Lui joue parfaitement en tenant compte des deux traits un peu saillants du film : L'humour, surtout l'humour noir et le sadisme.

Quelques exemples pris en dehors de ce personnage et de son interprète. Quand le chirurgien s'apprêtera a faire sur Lindsay la même balafre que celle du neveu, on aura ce dialogue entre le doc (qui s'est préalablement saoulé...pour ne pas faillir) et Barclay.

-Le doc : "If my hand misses, I'd chop it off myself" (Si ma main rate, je me la trancherais moi-même)
-Barclay : "That might be difficult to do without a head." (çà va être dure à faire sans tête)

Dans la même scène, le chirurgien demande que l'on allonge le cadavre du vrai neveu a coté de Lindsay et il le fait poser comme un modèle pour réussir son entaille. Dans le sadisme qui accompagne la presque totalité du film, on peut voir également des bribes de causticité et une satire vacharde de l'époque coloniale. Dès que Lindsay/MacAllister arrive à la Jamaïque, il assiste à une flagellation ordonnée par Christine. Il défendra d'ailleurs cette esclave, gagnant ainsi l'appui discret et empreint malgré tout de méfiance des esclaves maltraités, s'attirant surtout, pour la même raison, la méfiance de toute la famille. Dès lors il sera sous surveillance, notamment sous celle du précédant espion envoyé par Barclay (un autre trait ironique). Testé et surveillé par le clan MacAllister et alors qu'il est enchainé torse nu à la roue d'un moulin dont il aide à la rotation (toujours le coté sado-maso), il se fera engueuler pour son manque de cruauté. "Vous ne punissez pas assez ces chiens". Le sommet du cynisme colonial sera atteint au moment de la grande vente annuelle des esclaves dans une longue scène assez amusante. Une scène de combat au couteau, prélude à la révolte, qui se déroule sous les yeux des colons européens, est particulièrement réussie. Même si on est plutôt dans du pur divertissement, le tout petit message du film est donc assez clair et rejoint le coté (gentiment) libertaire (c'est Hollywood quand même) d'un certain nombre de films du genre (Le corsaire rouge par exemple). Enfin, le coup de théatre final, totalement inattendu est lui aussi un modèle d'humour noir...Mais malgré tout, pour moi, celui ci est facultatif. Pas de DVD non plus pour ce film mais il est passé à la télévision en France.

affiche-Le-Tresor-des-Caraibes-Caribbean-1952-1

 

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Films Noirs
  • Critique des films noirs du cinéma américain entre 1940 et 1960. + cinéma "policier" au sens large. Le principe : Un court résumé du film pour situer l'action et les personnages, puis mise en avant des points singuliers du film, bons et/ou mauvais.
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