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Films Noirs
25 mai 2013

ÉCHEC AU HOLD-UP. Lewis Allen

 

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ÉCHEC AU HOLD-UP (Appointment with danger). Lewis Allen. 1951

Avec Alan Ladd (Al Goddard), Phyllis Calvert (Soeur Augustine), Paul Stewart (Earl Boettiger), Jack Webb (Joe Regas), Jan Sterling (Dodie), Harry Morgan (George Soderquist) et Stacy Harris (Paul Farrar)

A Gary dans l'Indiana, Harry Gruber, un inspecteur des postes vient d'être assassiné et alors que les 2 meurtriers chargent le cadavre dans une voiture, ils sont surpris par une religieuse qui signale les suspects à un policier et disparait. L'enquête sur ce meurtre mystérieux est confiée à Al Goddard, un enquêteur intransigeant qui après l'avoir retrouvé réussit à convaincre la soeur de l'aider à identifier les 2 meurtriers mais l'un des deux tueurs la reconnait dans la rue et dès lors craignant d'être reconnu, il cherche à la supprimer. Goddard de son coté cherche à comprendre pourquoi Gruber a été supprimé et découvre qu'un important braquage de fourgon postal se prépare et que c'est parce qu'il l'avait découvert que Gruber avait été tué. Goddard décide d'infiltrer le gang....

Ce n'est en rien un Film Noir mais c'est un bon policier classique très bien mené malgré une intrigue complexe qui pourra même paraitre trop embrouillée à certain. Pourtant ce récit compliqué à tenir est de bout en bout absolument maitrisé par les scénaristes et par lewis Allen et c'est même son principal mérite car le suspense est admirablement orchestré presque jusqu'à la fin. Cet habile scénario multiplie les scènes dans lesquels la situation peut évoluer de façon radicalement différente d'un moment à l'autre et souvent c'est la situation de l'enquêteur qui pourra devenir dramatique. Il ne devra bien souvent la vie qu'a son sang froid et à sa grande capacité d'improvisation. Pourtant la situation de départ n'a rien de bien originale. On a un flic infiltré, un complice dans les services postaux, etc...mais l'originalité de ce scénario est aussi qu'il montre la division dans tous les camps. Chez les truands, à mesure que les enquêteurs remonteront la piste des meurtriers, la cohésion du groupe en pâtira. Un des membres du gang se trouvera même dans une position complexe, ne pouvant pas témoigner du piège tendu malgré sa loyauté à l'égard de ses complices. Mais chez les policiers aussi, la cohésion ne sera pas totale puisque Al Goddard s'il est un enquêteur respecté, est aussi un homme que ses collègues méprisent. C'est d'ailleurs la 3ème singularité de ce film, la complexité de certains personnages ou leur incongruité à l'intérieur du genre. Le premier c'est Al Goddard. 

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C'est un inspecteur des postes, dur, cynique et froid que personne n'aime, pas même ses collègues mais c'est un grand enquêteur qui ne pense qu'à son travail. Le rôle est tenu par un Alan Ladd tel qu'on le connait dans ses meilleurs polars. Dur et froid mais avec un regard dans lequel se mêle de la malice, de l'ironie, parfois du mépris, mais aussi une certaine mélancolie et un homme dont le sourire étrange est presque triste. Ce rôle imposait aussi quelques prouesses physiques et de ce point de vue, en tant qu'ancien sportif de haut niveau, Ladd était convaincant. Même s'il n'en a pas l'air, comme James Stewart dans ses westerns, il est lui aussi capable de très inattendus accès de violence. Il n'y a qu'à voir la façon dont il envoie promener en 2 pichenettes le plus dur des truand interprété par Jack Webb. Il finira la scène en ramassant une BD qui trainait sur un fauteuil et en la lui lançant au visage, disant, s'adressant en même temps à Paul Stewart : " Amuse toi !..Et apprend lui à lire !!! "....Mais s'Il a l'air de mépriser tout et tout le monde, il s'intéressera au sort de la religieuse et finira par s'adoucir à son contact. C'est le personnage incongru de ce polar et ce dialogue du flic et de la bonne-soeur inspire au dialoguiste les échanges les mieux écrits et les plus amusants du film. 


Goddard qui tentera de persuader la religieuse d'accepter une arme pour se défendre se lève pour lui en montrer le fonctionnement mais le pistolet s'enraille et alors qu'ils avaient déjà eu auparavant des échanges amusants sur dieu, sur la croyance religieuse, elle lui dira :
-Souvenez vous que j'ai mon ange gardien.
-J'ai aussi le mien (désignant son arme)
-Mais le mien ne s'enraille jamais !

Le 3ème personnage intéressant, c'est la petite amie du chef de la bande interprétée par Jan Sterling, une habitué du genre mais elle aussi, pourtant abonnée au rôle de garce sans coeur, tient dans ce film un rôle bien plus complexe que ce qu'on lui offrait bien souvent mais je ne développe pas plus ce point là...Je mets juste un petit échange entre Goddard et Dodie (Jan Sterling) 

Lorsqu'elle l'invitera a partager son gout pour le jazz, ils échangeront en gros ce dialogue à propos du Be-Bop.
-Vous avez vu ces nouveaux disques ? Vous aimez le Be-Bop ?
-A oui, cette musique ou chacun joue un air différent !
-Vous connaissez ce musicien ? C'est un virtuose, Il plie son instrument à volonté, il le fait tournoyer, il...
-Sait-il en jouer seulement ! 

Plus tard, proche du dénouement, on aura des dialogues plus rudes comme par exemple cet échange entre Jack Webb et Alan Ladd : 
-Tu en fais une tête, on dirait que tu pleures ton meilleur ami 
-Je suis mon meilleur ami !
-C'est ce que je disais !!!

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En dehors de Webb qu'on verra dans d'autres polars et qui finira même par en réaliser plusieurs, la bande de malfrats est composée de bons seconds rôles du cinéma américain. Ils sont menés par Paul Stewart, qui est donc secondé par Jack Webb, en dur d'école assez caricatural, le tueur de la bande. Ils sont épaulés par George Soderquist (Harry Morgan) et Paul Farrar (Stacy Harris). Un mot pour finir sur le travail du metteur en scène Lewis Allen qui ne brille pas particulièrement mais son style nerveux accompagne de manière dynamique ce scénario touffu. Il ne pert pas de temps, il accélère même le récit contre un certain réalisme mais c'est dans l'intérêt du film et ce tempo soutenu fait que l'on suit ce policier sans ennui. Lewis Allen peut être considéré comme un petit maitre du thriller, plus que du film noir car il n'a pas réalisé à proprement parlé de pur Film Noir mais il aura réalisé beaucoup de films de la famille polar. Parmi les principaux, je peux citer le thriller en couleurs "La furie du désert". L'excellent thriller en costumes "Une âme perdue/So evil my love" (un de ses meilleurs films). Il avait déjà employé Alan Ladd dans l'assez moyen "Enquête à Chicago/Chicago Deadline". Puis il réalisa "Je dois tuer/Suddenly" dans lequel un médiocre Frank Sinatra entraine un groupe de gangsters a tenter d'assassiner le président des États-Unis. Un pruneau pour Joey/A Bullet for Joey sur lequel je fondait pas mal d'espoir c'est avéré un peu décevant malgré des pointures du genre, Edward G. Robinson, George Raft et Audrey Totter. Le témoin à abattre/Illégal est assez intéressant. Ce sont des films assez facilement visibles dont certains sont mêmes parus en DVD zone 1 ou 2 (Sans déconner ?...si, si, c'est vrai). Echec au hold-up ne fait pas parti de ceux là mais il a été diffusé à la télévision. Je ne le connais qu'en VF mais peut-être est-il visible en VOST.

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Commentaires
J
il est à mon sens difficile d'être juge et partie dans le commentaire d'un film. Votre travail critique n' est donc en rien critiquable. Bien au contraire puisqu'il consiste à contextualiser un film patrimonial donc déjà difficilement visible par le commun des mortels pour distiller l'envie de le voir ou non. Comme vous (j'ai d'ailleurs été critique de cinéma),je suis un "film noir buff".Je sais ô combien ce type de films "manie le paradoxe" et peut s'apprécier à différents niveaux souvent de façon antinomique . Certaines de ces séries B sont "cousues de fil blanc" du point de vue de l'intrigue et sauvées par l'ingéniosité de la mise en scène; plus rarement par le jeu convaincant des acteurs qui servent la narration.. Ainsi vous citez le jeu stéréotypé d'Alan Ladd: cynique, rugueux, froid, "hard-boiled". C'est sa marque de fabrique et il est reconnaissable entre mille pour cela dans la typologie et la caractérisation des "bons et des méchants" à l'écran. Au fond, ce qui guide les aficionados de ce genre (film noir), c'est l'art du metteur en scène à se jouer de toutes ces conventions pour l'entraîner au plus profond de leurs réminiscences d'enfant. Le déranger. Le surprendre au tournant en quelque sorte. C'est pourquoi , de manière générale et dusse la morale en pâtir, plus le "villain" est convaincant, meilleur est le film . Je paraphrase à dessein ce propos du grand "Hitch". Et c'est là où je voulais en venir (pardon pour les digressions): un fim noir qui épouse le point de vue du "copper" a toutes les chances d'être moins haletant que s'il donne chair au "robber" pour sa prévisibilité.
G
Merci de votre intérêt…Oui, ce texte est déjà assez ancien et je sais que ce film est devenu plus facilement visible depuis son écriture. Je suis globalement d'accord avec vos remarques sauf pour l'aspect anecdotique du personnage de la nonne. Ce personnage n'est pas au coeur du film, ce n'est qu'un témoin mais le scénario ne tire pas si mal parti de la rencontre entre la religieuse (évidemment) bienveillante et ayant foi (hé, hé) en l'homme et le rugueux policier cynique et rude. Cela donne quelques bonnes petites scènes plutôt bien dialoguées. D'accord pour les réserves que vous formulez mais je ne l'ai pas vendu comme un grand film, juste comme un bon petit policier.
J
Je confirme:il est visible en vost en boucle sur paramount channel.; Le canevas du film reste cependant assez conventionnel et c'est un des travers récurrent des petites séries B qui mettent en avant l'action des Gmen. Ils ont souvent vocation à moraliser et de facto une propension à donner la part belle à l'"undercover agent" qui infiltre tel ou tel réseau avec un net présupposé manichéen et ce au détriment des personnages secondaires qui manquent d'épaisseur psychologique et semblent bien fades et inconsistants à la longue car rarement vus en demi-teinte. La religieuse est en soi une trouvaille non dénuée d'originalité ds l'intrigue mais elle n'est qu'un alibi anecdotique tout au long du film et n'a pas le charisme de Montgomery Clift dans "la loi du silence" d'Hitchcock qui en avait fait le pivot de son histoire. .Dommage!
Films Noirs
  • Critique des films noirs du cinéma américain entre 1940 et 1960. + cinéma "policier" au sens large. Le principe : Un court résumé du film pour situer l'action et les personnages, puis mise en avant des points singuliers du film, bons et/ou mauvais.
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