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Films Noirs
22 février 2014

THE WEB. Michael Gordon

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Avec Edmond O'Brien (Bob Regan), Ella Raines (Noel Faraday), Vincent Price (Andrew Colby), William Bendix (Le lieutenant Damico) et John Abbot (Charles), Maria Palmer (Martha Kroner), Fritz Leiber (Leopold Kroner), Tito Vuolo (Emilio Canepa)

Le jeune avocat Bob Regan force la porte de l'homme d'affaires Andrew Colby qui tardait à répondre à sa demande de remboursement d'une somme dérisoire destinée à réparer les dégats causés à la charette d'un marchand de 4 saisons dont il défend les intérêts. Il s'attire d'abord les moqueries de toute la tablée d'hommes importants réunis autour de Colby, puis finit par s'attirer son respect en raison de sa détermination. Le soir même, il est invité à son domicile, y retrouve Noel sa jeune secrétaire et se voit proposer une mission pour quelques jours : devenir le garde du corps de Colby qui se prétend menacé par son ancien associé, un homme qui vient de purger une peine de 5 ans de prison pour avoir jadis détourné plusieurs millions de dollars. Reagan accepte cette rentrée d'argent inespérée et espère en profiter pour faire plus ample connaissance avec l'énigmatique secrétaire qui l'a séduit. Colby lui fournit un révolver et Regan obtient dès le lendemain un permis de port d'armes auprès du lieutenant Damico qui était un ami de son père. Le soir même, alors qu'il fait sa ronde au domicile de Colby, marchant ainsi sur les plates bandes de Charles, le mystérieux homme de confiance du maitre des lieux qui semble autant surveiller les agressions pouvant venir de l'extérieur que les faits et gestes de Regan, un coup de feu retenti. Regan se précipite à l'étage et trouve 2 hommes en train de lutter, un inconnu se retourne une arme à la main et Regan est contraint de l'abattre. Il apparait que Leopold Kroner, tout juste libéré, avait réussit à s'introduire au domicile de son ex-associé et avait été abattu alors qu'il le menaçait...

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Un pur film noir et sans doute le meilleur de Michael Gordon. Très peu d'action dans ce film et aussi très peu d'extérieurs. C'est un film centré sur ses 4 principaux personnages tous très intéressants et admirablement interprétés en premier lieu par Vincent Price et William Bendix qui trouvent tout deux un de leurs meilleurs rôles dans le polar. L'ambiguité et la confusion (organisée) sont partout dans cette histoire ou tout le monde manipule tout le monde. En premier lieu, Colby bien sûr, on l'aura compris, interprété donc par le meilleur Vincent Price : hautain, élégant, supérieur, en apparence sûr de lui et qui occupe l'écran avec un air souverain, affichant la supériorité et la maitrise de celui qui a réussi. Plus tard, on le verra aussi calme, précis, méthodique quand il faudra, avec Charles, son homme à tout faire, organiser la riposte pour faire face au danger qui se rapproche. Néanmoins, il finira par apparaitre plus vulnérable et blessé quand il se sentira trahi avant même que çà se produise réellement. Le sombre Charles (très bon John Abbot) lui dira d'ailleurs : "Vous vous attendiez à quoi avec une femme ? Il n'y a qu'à moi que vous pouvez faire confiance" (Et alors ?…Ou tu veux en venir Michael ?). Cela dit Colby, ce n'est pas le genre à pleurer longtemps. Il décide et il tranche vite. Il n'en est d'ailleurs pas à ses débuts, apparemment dans le monde des affaires, les siennes en tout cas, on ne prend pas de risques et on anticipe les problèmes. Un témoin possiblement gênant est recherché par la police et par Regan ? Colby, çà ne l'affole pas car le témoin n'est plus gênant depuis longtemps. Il faut l'entendre, hautain, répondre à Charles qui s'inquiétait : "Mais pour qui me prenez vous ?". C'est le moment ou il faudrait parler de la voix de Vincent Price…mais je suis déjà parti pour faire long…

Le second personnage, c'est donc Noel, la charmante secrétaire dont les relations avec les 2 hommes sont pour un temps au moins, assez floues. Même si ce n'est jamais dit, elle est à l'évidence la maitresse de Colby ou elle l'a été, et habituée à une vie luxueuse ou y aspirant, elle semble d'abord, malgré qu'il l'amuse par son culot, ne laisser aucune chance à Regan qui lui a été immédiatement séduit par la jeune femme. Noel sera véritablement au coeur de l'intrigue et manipulée par tous. Quant à Regan -interprété par un très bon Edmond O'Brien -mais que j'ai déjà vu jouer sur une palette encore plus étendue- c'est presque l'exact opposé de Colby. On le découvre en avocat prenant à coeur une affaire à 68 $ et 72 ct qui lui attire les rires de Colby et de ses associés, dont ses avocats présents dans la salle de conférence et qui selon lui "ne se déplaceraient pas pour un enjeu de moins de 100 000 $". C'est le brave type, le gars du peuple qui défend les siens mais il est opiniâtre, débrouillard, fonceur et aussi un peu rustre. Une personnalité et des manières qui tranchent nettement avec la tranquille assurance et l'allure raffinée de Colby. Provocateur et maladroit avec Noel…et surtout intimidé malgré les apparences, on se demande bien s'il va pouvoir rivaliser. Malgré son intérêt manifeste pour la jeune femme, ce n'est de toute façon pas sa préoccupation première même si on peut interpréter son acceptation de l'argent tombé du ciel proposé par Colby comme une réponse aux propos de Noel qui prétend (ironiquement) s'intéresser aux hommes à partir du moment ou il pèse 20 millions de $. Regan est de toute façon un personnage classique du film noir : le brave type qui a une certaine tendance à s'attirer les ennuis. Ici, le maitre d'oeuvre des problèmes, c'est Colby le sirupeux mais surtout Colby le sournois. Regan pressent pourtant l'entourloupe - il le dit d'ailleurs à Colby- mais accepte néanmoins sa proposition car il ne peux pas laisser passer l'occasion de ramasser ce qui est pour lui une fortune dans cette mission très éloignée de ses compétences mais qui doit durer seulement quelques jours.

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Il y en a un autre qui pressent l'embrouille, c'est l'inspecteur de police Damico interprété par un grand William Bendix. Il est lui aussi est persuadé que l'affaire est trop belle et le met en garde. Regan le traite comme s'il était un ami mais l'inverse n'est pas vrai. Après l'avoir mis en garde, il semble parfois se réjouir de voir Regan en difficulté, il le traite en coupable et alors que Regan semble commencer à dénouer les fils de l'histoire, il a tout l'air de vouloir le laisser se débrouiller seul, semblant satisfait de tenir son coupable et s'en contentant. C'est joué par Bendix avec un humour à froid qui fait merveille, et au delà de sa dureté apparente, il à surtout tout l'air de se foutre de la gueule de Regan et de se réjouir du pétrin dans lequel il s'est fourré. Pour finir, je ne m'étend pas sur les développements de l'intrigue, c'est du classique et sans grandes surprises. Je précise néanmoins que même entre gens de confiance, il y aura de la trahison et de la manipulation dans l'air et qu'un personnage secondaire dont je n'ai pas encore parlé aura une certaine importance, c'est Martha Kroner, la fille de l'homme abattu par Regan.

Un mot sur la très jolie Ella Raines. Elle a tourné seulement dans 29 films...mais des pas mauvais. Après 2 films de guerre réussis, Corvette K-225 et surtout Cry 'Havoc' tournés à chaud durant la WWII, on l'a vu en vedette dans "L'amazone aux yeux verts" au coté de John Wayne puis dans Héros d'occasion dans lequel elle interprétait la fiancée d'Eddie Bracken, mais c'est surtout pour sa contribution au Film Noir, qu'on la connait le plus. Elle était la secrétaire qui menait l'enquête pour tenter de disculper son patron dans le médiocre Phantom Lady (Les mains qui tuent). Elle tenait un rôle un peu moins central dans le moyen The Strange Affair of Uncle Harry et enfin était parfaite au coté d'un grand Laughton dans le très bon thriller en costumes The Suspect, l'un des meilleurs films de la famille polar réalisé par Siodmak mais je dois dire que je dois être un des rares amateurs du genre a relativement peu aimer ce metteur en scène, ou tout au moins, à ne pas le mettre aussi haut que les autres metteurs en scène qui se sont beaucoup consacrer au genre…Or, lui en a vraiment fait beaucoup pour selon moi bien peu de grandes réussites.

Très bon film. Pas un mètre étalon du genre mais le parfait et pur petit film noir. 7/10

 

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Films Noirs
  • Critique des films noirs du cinéma américain entre 1940 et 1960. + cinéma "policier" au sens large. Le principe : Un court résumé du film pour situer l'action et les personnages, puis mise en avant des points singuliers du film, bons et/ou mauvais.
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