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Films Noirs
8 décembre 2014

Big House, U.S.A.

42029545

Réalisation : Howard W. Koch
Production : Aubrey Schenck (Bel-Air productions)
Distribution : United Artists
Scénario : John C. Higgins
d'après une histoire de George George et George Slavin
Photographie : Gordon Avil
Musique : Paul Dunlap

Avec :

Broderick Crawford (Rollo Lamar)
Ralph Meeker (Jerry Barker)
William Talman (William 'Machine Gun' mason)
Lon Chaney Jr. (Alamo Smith)
Charles Bronson (Benny Kelly)
Reed Hadley (James Madden)

 

Alors qu'il participe à un camp d'été dans le Royal Gorge Park au Colorado, un enfant asthmatique fait un malaise à l'arrivée d'une course. Il est emmené au centre de secours par un animateur mais alors que l'infirmière prépare une piqure, l'enfant prend peur et s'enfuit. Le lendemain matin, alors qu'il se rend à pied vers un lac d'altitude pour y pêcher, Jerry Barker découvre l'enfant perdu en train de pleurer, l'emmène avec lui, le fait grimper dans une tour de guet désaffectée et lui promet de revenir très vite après avoir appelé du secours. En réalité, ayant entendu les appels à la radio des secouristes qui avait révélé l'identité du père du jeune garçon, un riche homme d'affaires, Il téléphone à celui ci et lui réclame une rançon de 200 000 $ contre la libération de son fils puis retourne vers l'enfant, mais celui ci, apeuré et perdant patience tente de quitter son refuge précaire, perd l'équilibre, tombe de la tour et se tue sous les yeux de Barker qui approchait des lieux. Le randonneur se débarrasse alors du corps et le lendemain matin récupère la rançon selon le protocole convenu avec le père du garçon mais il est arrêté alors qu'il tentait de quitter le parc. Les rangers retrouvent 20 000 $ dans son véhicule mais le reste de la rançon demeure introuvable tout comme l'enfant. Ayant prétendu avoir tenté de profiter de la disparition de l'enfant pour tenter d'extorquer de l'argent à ses riches parents sans être lui-même l'auteur du rapt, Barker est seulement condamné pour extorsion de fonds à quelques années de prison. Il est volontairement mis dans la même cellule que les plus dangereux prisonniers de la prison de Cascabel qui d'emblée détestent le "iceman", le tueur d'enfant...  

Ce film était l'un des premiers produits par Bel-Air productions fondée par Aubrey Schenk et Howard W. Koch. Ce dernier, surtout un producteur, avait fait ses débuts dans la réalisation l'année précédente avec [b]Le bouclier du crime[/b] co-signé avec son comédien principal, Edmond O'Brien. C'était un excellent petit film noir pourtant assez fauché et assez violent mais de ce point de vue, Big House, U.S.A. le dépasse largement et il dépasse même probablement en violence tous les thrillers qui avaient été réalisés à la date de sa sortie et il est même sans doute l'un des plus violents, sinon le plus violent de la décennie. C'est même la raison principale qui explique que ce film fait délirer certains critiques et amateurs de film noir mais je suis moins enthousiaste que ceux là tout en reconnaissant le caractère inédit de certaines séquences mais ce que l'on gagne en spectaculaire et en sensationnel, en raison des fameuses séquences et d'un casting de méchants très impressionnants, on le perd en profondeur et en finesse. Le film est divisé en trois parties : la 1ère, c'est à dire tout ce qui concerne l'enlèvement de l'enfant tient du thriller ; la seconde partie tient du film de prison ; quant à la dernière, même si elle est presque sans grandes surprises, je n'en dirais rien. C'est dans un parc naturel absolument superbe et très bien mis en valeur par le metteur en scène que débute l'action. Le lieu inciterait plus à la promenade ou à la pêche à la truite et c'est d'ailleurs pour cette raison que les touristes s'y pressent mais ce bon Jerry Barker avait manifestement d'autres projets car si je l'ai présenté lui-aussi comme un randonneur et un pêcheur dans le court résumé, c'était surtout pour brouiller les pistes car c'est ainsi qu'on le découvre effectivement mais la réalité est plus complexe (et restera d'ailleurs assez floue et surtout assez invraisemblable. C'est d'ailleurs une constante tout du long, il faut parfois se laisser porter par les évènements sans trop se soucier de vraisemblance).    

Ce qui est sûr, c'est que dans le genre meurtrier sans âme, notre homme se pose là car le personnage interprété par Ralph Meeker est un des tueurs les plus froids et écoeurants que l'on aura pu voir à l'époque. Il faut voir son regard vide lorsqu'il se saisit de l'enfant après sa chute mortelle et jète son corps dans un ravin comme s'il se débarrassait d'un sac poubelle. Cet homme glacial a le regard aussi mort que les truites qu'il avait effectivement pêché et qui d'ailleurs le perdront puisqu'en quittant le parc, c'est parce qu'il prétendra les avoir pêchés dans un lac empoisonné la saison précédente et par conséquent vide de poissons qu'il sera confondu plus que pour l'arme non déclarée que les policiers saisiront. Il est très rapidement confondu lorsque les enquêteurs retrouvent une partie de la rançon dans son véhicule mais sans aveu, sans corps et en raison de certains faits qui semblent corroborer les propos de Barker qui prétend avoir simplement voulu profiter de la situation, il est seulement condamné à une peine légère malgré une indifférence et une insensibilité qui rendent fou le père du jeune garçon et écoeurent les policiers en charge de l'enquête. Durant le procès, qui en fait malgré l'impossibilité de prouver sa culpabilité, une célébrité du crime, Barker, l'homme avec "a frozen face and icy eyes", est surnommé "Iceman" mais l'ironie de l'histoire, c'est que ce personnage déjà bien pourri va se retrouver avec des individus encore pires que lui. C'est délibérément que le directeur de la prison située sur l'ile de Cascabel choisi de mettre Barker dans la cellule des "détenus modèles" que le metteur en scène a pris un plaisir manifeste à présenter sous leur meilleur jour profitant au maximum de son casting 5 étoiles. En même temps que la voix off du directeur de Cascabel égrène leurs méfaits, on voit à l'écran leurs meilleurs profils (le choc des photos) et leur "Prison Record" relatant une partie de leurs exploits. The 4 terribeule, les voici  :

- Leonard 'Alamo' Smith (Lon Chaney, Jr.) : Border killer, narcotic runner, wetback smuggler. Un type dont le directeur dira : "You know, he’s not a bad guy, if he’s kept locked up" (Vous savez, ce n'est pas un si mauvais gars, si il est maintenu enfermé). L'enfermement avec des hommes lui pèse. Son passe-temps favori : sculpter des pin-up avec tout ce qui lui tombe sous la main, leur parler et les cajoler (à libérer dès que possible et à embaucher comme animateur de centre aéré  :arrow:  ). 

- Benny Kelly (Charles Bronson). Présenté comme un ‘mad dog-type’ killer…Parait qu'il tuait par plaisir ? Je ne sais pas si c'était volontaire mais vu d'aujourd'hui il pourrait passer pour une icône gay car il passe bien la moitié de son temps de présence à l'écran le torse nu. Il était au top de sa forme le Charlie à l'époque et je ne me souviens pas d'un acteur de cette génération qui aurait fait autant étalage de ses muscles. On le découvre d'ailleurs plongé dans la lecture d'un magazine intitulé "Muscle" lorsque Barker est amené vers sa future cellule.

- William ‘Machine Gun’ Mason (William Talman), le Hitman. Un tueur professionnel…encore plus demeuré que 'Alamo' Smith et plus dangereux aussi. C'est le bras droit (et les mains les plus sales) de celui qui dirige la cellule, cad : 

- Rollo Lamar (Broderick Crawford) : Bank robbery consultant and strategist…Consulté par les autres gangs durant la préparation des hold-up. Bref, une pointure dans son domaine et son cerveau continue à travailler en prison car il prépare (évidemment) leur évasion et c'est lui qui décrète qu'il faut épargner le tueur d'enfant en présentant ainsi le programme : "I’m gonna kidnap a kidnapper for the money he kidnapped for”  :mrgreen: . Un à la manière de  : "Je vais terroriser  les terroristes" en plus lucratif.  

De fait, malgré un pedigree qui devrait les rendre modestes, ils sont plutôt intolérants pour les tares des autres, les affreux. Faut dire que tueur d'enfant -car personne ne semble dupe parmi les prisonniers- ça n'a jamais été très populaire, aussi celui que tout le monde appelera 'Iceman' est accueilli par des sarcasmes et des menaces par les détenus devant lesquels il passe pour rejoindre sa future cellule mais il faut voir sa tête quand il arrive devant les occupants de la fameuse cellule VIP (voir photos). C'est à partir de là que la bande de joyeux compagnons va commencer à rivaliser en sauvagerie. Ça commence avec cet ami détenu parti en repérage en prévision de l'évasion et qui sera sacrifié pour ne pas compromettre l'évasion des autres (et qui sera ébouillanté à mort dans une chaudière en raison de la trahison de ses complices). Plus tard, un homme sera massacré à coups de marteau puis défiguré avec un chalumeau afin de le rendre méconnaissable…And so on…Je laisse la suite des évènements dans l'ombre mais c'est dans le même esprit. L'évasion elle même est aussi ingénieuse que tout à fait improbable mais au moins elle est cinématographiquement très sympa et originale avec quelques séquences sous marines bien fichues. Comme je l'ai dit plus haut, il ne faut pas trop chercher la petite bête car le scénario  présente d'assez nombreuses petites maladresses ou facilités. Ça commençait dès l'enlèvement qui avait été prémédité mais son processus était très compliqué et invraisemblable. Le réalisateur a du aussi arracher une page du scénario car dès que Barker est arrêté, bien que l'enfant n'ai pas été retrouvé, il n'est plus question de recherches à propos du garçon disparu, on ne voit plus ses parents et presque plus les deux policiers qui dirigeaient l'enquête. Il faut dire que ce n'est pas dommage car si les hoodlums sont bien énervés, les policiers au contraire jouent leur rôle de manière assez molle et à tour de rôle commentent "leurs exploits" en voix off...d'abord celle de Roy Roberts (l'interprète du chef ranger Will Erickson) qui est dans un 1er temps en charge de l'enquête puis par Reed Hadley ( l'agent du FBI James Madden) lorsqu'il reprend l'enquête. Parmi les autres seconds rôles, je signale aussi la 1ère apparition au cinéma de Felicia Farr (qu'on aura reconnu dans le rôle de l'infirmière). 

Pour l'anecdote, plusieurs témoins ont évoqué le tournage de ce film qui fut parait-il épique et qui est entouré de légendes. L'un des scénaristes a raconté un voyage en voiture vers un lieu de tournage avec un Charles Bronson ne desserrant pas les dents du voyage malgré les facéties des 3 autres complètement bourrés. Un autre témoin a raconté que lorsqu'il est arrivé à l'aéroport de Los Angeles pour y retrouver Lon Chaney  pour prendre un avion, il était déjà bourré à 6 h du matin et il affirmait que cela s'était poursuivi sur le tournage, surtout avec Broderick Crawford prétendant que parfois ce dernier était incapable de tourner et qu'il devait être remonté avec des procédés non réglementaires. Si William Talman était dans le même trip, les 2 autres faisait la gueule, Ralph Meeker parce qu'il était dépité d'avoir perdu le rôle principal dans l'adaptation cinématographique de [b]Picnic[/b] qu'il avait longuement tenu sur scène. Howard W. Koch a réalisé une grosse dizaine de films pour le cinéma. Je n'ai pas vu son western (Fort Bowie) ni Jungle Heat, son unique film d'aventures, pas plus le Andy Hardy qu'il réalisa en 1958, le dernier épisode d'une longue saga familiale débutée dans les années 30. Il avait d'ailleurs enchainé dès l'année suivante avec  [b]La rafale de la dernière chance[/b], avec le même acteur, Mickey Rooney...et le changement d'emploi était saisissant car c'était un des quelques rôles de psychopathe qu'aura (très bien) tenu cet acteur. C'était aussi le dernier thriller de Koch qui en a réalisé de mauvais (Untamed Youth et The Girl in Black Stockings) mais les 3 autres déjà cités valent largement le détour. Reste à découvrir Violent Road, un remake non avoué du Salaire de la peur avec Brian Keith mais c'est un film que je n'ai pas encore osé regarder. 

 

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Films Noirs
  • Critique des films noirs du cinéma américain entre 1940 et 1960. + cinéma "policier" au sens large. Le principe : Un court résumé du film pour situer l'action et les personnages, puis mise en avant des points singuliers du film, bons et/ou mauvais.
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