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Films Noirs
10 août 2015

Wait 'Til the Sun Shines, Nellie. Henry King (1952)

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Réalisation : Henry King / Produit par George Jessel (20th Century Fox) / Scénario : Allan Scott et Maxwell Shane d'après un roman de Ferdinand Reyher / Image : Leon Shamroy  / Musique : Alfred Newman 

Avec David Wayne (Ben Halper), Jean Peters (Nellie Harper), Bill Walker  (Trooper), Hugh marlowe (Ed Jordan), Albert Dekker (Lloyd Slocum) 

Le jour des célébrations du cinquantième anniversaire de la fondation de Sevillinois, une petite ville proche de Chicago, les journalistes se pressent autour du sénateur Slocum, qui avait été jadis le premier maire de la ville, afin de recueillir  confidences et anecdotes sur la vie au temps des pionniers, mais celui ci étant indisponible, les journalistes se tournent vers  Ben Halper, un ancien barbier qui avant même qu'on ne le sollicite, allongé dans un fauteuil de son ancienne échoppe, commence à se remémorer ses souvenirs. Il se revoie dans le train en route pour l'Illinois le jour de ses noces avec la jeune et belle Nellie, mais alors que celle ci ne rêve que de Chicago, Ben croyant lui faire une bonne surprise les fait descendre à Sevillinois ou il lui fait découvrir fièrement l'échoppe de barbier qu'il prétend avoir loué. En réalité, cette première affaire, il s'en est porté secrètement acquéreur et le couple s'installe dans sa nouvelle vie…Les premiers clients, les premiers amis, puis les premiers employés…et deux enfants. Alors que Nellie rêve toujours d'ailleurs, de grandes villes et de grande vie, de Chicago et de Paris,  Ben tout au contraire fait tout pour que la famille s'enracine dans la petite ville. Les contradictions entre les aspirations de Ben et ceux de sa famille entraineront des drames. Ce sont les drames intimes de cette famille que nous suivrons sur 50 ans avec en toile de fond les évènements historiques majeurs de la fin du 19ème siècle jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale.

 

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Un film précédé d'une excellente réputation et qui s'est fait longuement attendre mais qui se révèle à la hauteur de sa très bonne réputation. 1er point, l'affiche est incroyablement trompeuse. Pour un peu, on se croirait dans une comédie musicale, or c'est un pur Americana, par un des grands metteurs en scène de ce courant de la littérature puis du cinéma américain mais si c'est l'un plus beaux films du genre que j'ai pu voir jusque là, c'est aussi  un des plus sombre, sinon le plus sombre en raison de  la personnalité singulière suivie par Henry King. Le petit barbier borné, égoïste et dissimulateur, se trompe tout le temps entrainant des drames qui toucheront plusieurs membres de la famille. La frivole et pétillante Nellie n'acceptera provisoirement les manières de son époux qu'en raison de son profond attachement à lui mais elle finira par se révolter quand à la faveur de l'absence de Ben appelé à combattre au cours de la guerre hispano-américaine, elle s'apercevra qu'au fil du temps et à l'insu de sa femme, Ben, contrairement à ses promesses réitérées, avait tout fait, accumulant notamment les titres de propriété et achetant même une concession dans le cimetière de la ville, pour rendre inéluctable l'enracinement de la famille dans cette petite ville. Cette homme n'est pourtant jamais montré comme un abominable tyran domestique n'en ayant pas l'air. Le gentil et jovial  barbier a beau avoir des manières douces et tranquilles, il est montré comme un homme de son temps qui prend en charge les affaires de la famille et ne laisse pas la parole aux autres. Henry King et ses scénaristes  ne lui font jamais prononcer de discours rigoristes, le puritanisme n'est jamais apparent chez lui mais il transparait dans toutes les décisions qu' il prend. S'il refuse malgré ses promesses réitérées d'emmener sa femme en ville, c'est sans doute par peur de voir sa jolie femme s'évaporer dans la ville tentatrice. Plus tard, il refusera que son fils poursuive sa vocation d'artiste. Or, toutes ses décisions conduiront à la catastrophe et à la mort dramatique de certains des êtres chers. 

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Le seul reproche que l'on pourrait faire à ce film est que l'intrigue est presque exclusivement centrée sur le personnage du barbier et ceux/ce qui gravite autour de lui. En terme de mise en scène c'est remarquable car  on aura eu l'impression d'avoir été plongé au coeur de la petite communauté mais au bout du parcours, on s'aperçoit qu'en réalité, on en a presque rien vu. Point de scènes "communautaires" dans l'église, le tribunal, le bal, etc... et on apprend relativement peu de choses sur les personnages secondaires ou sur la vie quotidienne à Sevillinois. Toute l'action est centrée sur Ben : on suit l'activité de la boutique, ses clients et Henry King nous montre la ville essentiellement à travers  les vitres de l'échoppe. Si l'on sort tout de même, c'est le soir après le travail. Toutes les scènes nocturnes sont d'ailleurs plastiquement superbes, Leon Shamroy réussissant grâce à un éclairage savant à donner beaucoup de relief aux scènes d'intérieur plongées dans une demi-pénombre dans lesquelles se détachent quelques points de couleurs : Une cheminée, les visages clairs qui se détachent sur des habits sombres et…les éclairs de couleurs des robes de Nellie. Henry King se sert aussi à plusieurs reprises de simples objets du quotidien comme des symboles de la situation vécue par les personnages. Un simple tube de rouge à lèvres lui permet de montrer que les rêves d'ailleurs de Nellie sont intacts. Elle fait l'acquisition d'un tube, l'inaugure un soir de fête malgré le désaccord préalable de Ben. Le rouge qu'elle lui transmet en l'embrassant l'amuse et le détend mais plus tard, c'est ce même rouge à lèvres qui entrainera un baiser volé…prémisse d'un drame à venir. Figure récurrente, le chant -encore une activité communautaire souvent présente dans le genre- occupe  une  petite place dans ce film. Les 4 amis proches de Ben chante à plusieurs reprises en choeur la chanson de Nellie, émouvante et nostalgique. En revanche, l'irruption du milieu du gangstérisme dans le genre est inédite, très réussie…et très inattendue. Je n'en dirais par conséquent pas plus. 

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Ce film était bizarrement resté inédit en France et demeure assez méconnu, tellement méconnu que Jean Tulard qui parle du film comme d'une comédie…ne doit pas l'avoir vu ou alors en état d'ébriété. Tavernier/Coursodon disent grand bien du film, tout comme Jacques  Lourcelles, une fois de plus remarquable même s'il voit dans le personnage du barbier "un petit notable local" et " un être monstrueux", or je n'irais pas jusque là. Pour le 1er point, à aucun moment, la condition sociale des protagonistes n'intéresse le metteur en scène et d'ailleurs la profession des amis et proches d'Halper n'est presque jamais évoquée. Pareil pour les rapports de classe, contrairement à bien d'autres films de l'époque et même du genre, l'employé noir de la boutique mais qui est aussi l'homme a tout faire de la maison, n'est jamais traité avec condescendance. C'est même dans la première partie du récit le principal personnage secondaire du film et a plusieurs reprises il participe aux conversations regardant le famille puis prend parti contre son patron et le critique vertement. Vu en vost. Passé au moins une fois sur une chaine française. DVD édité en zone 1 dans la collection Cinéma Archives de la Fox mais apparemment la copie proposée est assez mauvaise.

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Films Noirs
  • Critique des films noirs du cinéma américain entre 1940 et 1960. + cinéma "policier" au sens large. Le principe : Un court résumé du film pour situer l'action et les personnages, puis mise en avant des points singuliers du film, bons et/ou mauvais.
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